Chaque lundi, DH.be vous propose un retour sur la défunte journée de championnat en passant par le tableau noir pour évoquer les coups tactiques du week-end, décortiquer les choix des coaches et souligner l'impact de l'un ou l'autre joueur sur le jeu de son équipe.
Cette semaine, on parle d'un Anderlecht en quête d'identité et d'un Standard qui tient beaucoup à la sienne. Mais aussi d'une équipe de Waasland-Beveren qui semble enfin savoir à quoi elle joue.
LE CHANGEMENT
À la Côte, Ezekiel et Kara sont devenus des titulaires. Double échec presque prévisible dans un Anderlecht qui semble construit à l’envers. Les deux Africains et Okaka forment un casting de haut vol, mais sont trop loin des réalités du football à l’anderlechtoise. On ne met pas Stallone, Schwarzenegger et Jason Statham dans une comédie romantique.
Ezekiel est supersonique, mais précieux dans une formation qui n’aime pas le ballon. Kara est robuste, mais manque de sécurité, de vitesse et de défense au sol pour évoluer dans un bloc qui joue dans le camp adverse. Brillant sous McLeish, mais ingérable avec Been. C’est Sly qui débarque dans Bridget Jones avec un bazooka sous le bras.
On en vient à se demander si Hasi comprend l’identité mauve. Ou s’il a son mot à dire sur une équipe bâtie pour faire le dos rond et jaillir en contre. Anderlecht semble marcher sur la tête, à l’image d’un entrejeu où ni Defour ni Tielemans ne semblent disposés à se sacrifier pour faire briller Praet.
LA PHRASE
- Slavo Muslin : « C’est votre péché mignon, hein, le système de jeu »
Depuis le début de saison, le Standard se déchire autour d’une suite de chiffres. 4-4-2 ou 4-3-3 ? La réponse de Slavo Muslin reste ferme. Le coach des Rouches tient à son système. Et s’étonne qu’il fasse tant parler de lui. Une façon d’ignorer l’histoire du banc de touche sur lequel il vient de s’installer.
Dire au Standard de jouer sans un duo d’attaquants, c’est comme expliquer à un Néerlandais qu’on peut jouer autrement qu’en 4-3-3. Le 4-4-2 est ancré dans l’imaginaire des tribunes comme l’incarnation des récentes réussites des Liégeois. C’est aussi un système qui sublime les joueurs de course, ceux que Sclessin aime tant voir se vider les tripes. Le 4-3-3 de Muslin, au contraire, se joue avec la possession, dans le camp de l’adversaire. Avec un bloc si haut sur le pré, Santini ne serait jamais esseulé.
Au milieu des critiques à peine voilées de plusieurs de ses équipiers, Adrien Trebel semble croire au projet Muslin.« Il faut jouer en possession de balle comme le font les grandes équipes » clame le rouquin de Sclessin. Un joueur biberonné au fameux « jeu à la nantaise », là où le football ne se pense qu’avec le ballon dans les pieds. Mais la Beaujoire, c’est si loin de Liège…
LA STAT’
Deux points. C’était le meilleur départ de Waasland-Beveren depuis son retour en D1. Avec un 6/12, Stijn Vreven a déjà fait beaucoup mieux malgré des déplacements à Sclessin et à Anderlecht.
Les saisons précédentes, regarder Waasland-Beveren était presque une private joke entre amis. Cette année encore, on a craint le pire quand Stijn Vreven a débarqué avec une quinzaine de nouveaux. Mais cette fois, il y avait des idées derrière cet énième bouleversement. Et on se surprend même à prendre un étonnant plaisir à mater un match au Freethiel, où le projet de jeu semble enfin cohérent.
Intenables sur les flancs, Langil et Myny mettent le feu et alimentent copieusement les buteurs Gano et Emond en bons ballons. Maric et Moulin sont à la manœuvre, entre récupération et relances longues et précises vers les ailiers. Et Laurent Jans, le latéral luxembourgeois, voit décidément très clair.
LES BONS ÉLÈVES
Buteur inutile face à Bruges, le géant Thanasis Papazoglou a déjà eu l’occasion de prouver qu’il avait l’un des meilleurs jeux de tête de Pro League. Sa présence aérienne mêle la domination d’un Fauré hors du rectangle avec celle d’un Mitrovic dans les seize mètres. Une arme précieuse pour un Courtrai toujours en reconstruction.
On ne soulignera jamais assez à quel point Laurent Depoître n’est pas qu’un bourrin musculeux qui, selon l’adage, « pèse sur les défenses ». Contre Saint-Trond, le buteur des champions a une nouvelle fois étalé sa classe à coups de déplacements intelligents et de combinaisons bien senties. Le tout couronné d’un but plein de flair.
LES CANCRES
Le système Mazzù dépend terriblement du rendement de Neeskens Kebano. Alors, quand le Congolais bégaie son football, les Zèbres sont à la portée d’équipes du calibre d’OHL. En manque d’alternatives, le coach carolo attend sans doute avec impatience le retour des centres diaboliques de Clément Tainmont, pour que le danger offensif zébré soit moins Kebano-centré.
Son tacle dans le vide devant Jonathan Legear était presque risible. Teddy Mézague, c’est une comédie dramatique pour les supporters des Hurlus. L’arrière central multiplie les approximations, les erreurs de placement grotesques et les relances sans assurance. Pour se construire sereinement, le RMP a besoin d’être rassuré par sestauliers…