À le voir là, tassé dans son siège comme s’il avait à supporter, seul, toute la misère du monde, Daniel Van Buyten trahissait, en ces secondes, le même écœurement que celui qui avait gagné tous les fidèles du Standard.
Seule différence avec ces supporters meurtris, blessés et surtout déçus tout autant par les chiffres du marquoir que la manière dont ces derniers avaient été façonnés, Van Buyten n’a pas jugé bon, en fin de rencontre, de tourner le dos à la pelouse. Un geste fort, celui-là, posé par les fans les plus aiguisés du Standard, car il témoigne d’un ras-le-bol qui ne date pas d’hier, mais qui remonte quasiment à la prise du pouvoir par Roland Duchâtelet. Allez en effet faire comprendre à ces supporters comment leur ex-président a pu tirer des bénéfices plantureux de son passage au club alors que sur un plan sportif, le niveau de l’équipe n’a cessé de décroître, au point de subir, comme ce fut le cas hier à Bruges, une défaite historique.
Car si pour une équipe, un accident est toujours possible, si personne, même Barcelone, n’est à l’abri d’un off day total, dans la gifle subie par le Standard à Bruges, il y a plus qu’un simple jour sans. Il n’y a tout simplement plus l’ombre du talent qui est censé habiter un club comme le Standard, pas davantage cette rage de vaincre qui a si souvent fait sa force et certainement plus cet esprit solidaire qui peut masquer certaines grosses lacunes techniques ou tactiques. Soyons sincères, à l’exception d’un Trebel, d’un Brüls et d’un Knockaert, c’est le grand vide au niveau créatif, un vide comme on l’accepte, et encore, dans des formations sans réelles ambitions du genre de Beveren, OHL ou Mouscron. Des clubs qui risquent de devenir les proches… voisins du Standard au classement général si la nouvelle direction ne sort pas de son chapeau un ou deux défenseurs capables de gérer la pression, un médian à la passe tranchante et un attaquant rapide et réaliste comme l’était Ezekiel.
Sans ces acteurs-là, la pièce Standard continuera à multiplier les bides, elle qui a déjà perdu sa place sur la scène européenne et qui n’est plus loin de la perdre sur la scène belge. Car il serait étonnant que Sclessin continue à jouer à guichets fermés si le spectacle proposé se limite à essayer de survivre dans la colonne de droite du classement général. Bienvenue donc au successeur de Muslin, mais qu’il sache que le chantier qui l’attend est… éééénorme !
(Source DH)