Stéphane Demol a son mot à dire sur les Diables. Il attend impatiemment de les (re)voir à l’œuvre dans un match à enjeu et confronté à un vrai cador.
Avec, à son compteur, trente-huit capes en équipe nationale auxquels il convient d’ajouter un mandat de deux ans en tant que T2 de René Vandereycken, Stéphane Demol, natif de Watermael-Boitsfort, sait fatalement de quoi il parle quand le sujet tricolore est mis sur la table. Et sa mémoire est inoxydable quand, en guise de préambule, on lui demande d’évoquer son fameux but de Leon face aux Russes lors du Mondial 1986 : "Sur un corner de Vercauteren. Franky cède le ballon en retrait à Eric Gerets et je lève la main à hauteur du second poteau avec l’espoir de le réceptionner. Vous connaissez la suite…"
Avoir fait partie des conquistadors belges au Mexique, c’est un pan de sa carrière dont il n’est pas peu fier : "Et oui, ce ticket pour le dernier carré, nous sommes toujours les seuls à l’avoir décroché."
Sous-entendu : la génération actuelle des Diables est certes talentueuse mais ne peut pas encore se targuer d’une performance similaire. "En 1986, avec le petit brin de réussite qui leur a peut-être manqué au Brésil, nous avons atteint un sommet insoupçonné mais j’estime quand même qu’ils auraient dû faire aussi bien que nous…"
La perspective de voir la Belgique occuper bientôt la première place du ranking Fifa le laisse de marbre : "Ce classement, c’est pour rigoler. Les deux derniers tirages nous avaient été favorables et celui pour les qualifications en vue du Mondial 2018 est du même tonneau. Je veux simplement dire par là que j’attends de voir les Diables justifier leur flatteuse réputation en matant un gros calibre dans un match à enjeu. Les rencontres disputées face à des seconds couteaux nous sont-elles vraiment profitables ?" , interroge-t-il, tout en se défendant d’avoir l’esprit chagrin. "L’unique problème de Marc Wilmots est de savoir jeter son dévolu sur le meilleur n°9 du moment. Pour le reste, il n’y a pas à se triturer les méninges tant les autres postes à pourvoir sont indiscutables à la condition qu’il n’y ait pas de blessé à déplorer. Ceci dit, le groupe actuel est riche en qualités mais, sans mettre le système en cause, je considère qu’il faut pouvoir en tirer le maximum, peu importe le onze de départ."
À l’approche de la cinquantaine (le 11 mars prochain), Stéphane Demol serait-il un jour prêt à prendre en charge les Diables ? "J’avoue que cette éventualité ne m’a jamais effleuré l’esprit mais pourquoi pas ? Ce serait en tout cas difficile de dire non à son pays mais tant de paramètres entrent en ligne de compte. Car il y a des moments où il est inopportun de reprendre une équipe…"
C’est à Turnhout - alors en D2 et sur insistance de Jean-Marie Pfaff qui, en ce temps-là, occupait un rôle de décideur dans le club campinois - que le Stéph se sentit une âme de mentor : "J’y ai vécu une super saison avec Nico Claesen comme T2 et des joueurs de talent comme Bruno Versavel ou le buteur Tomas Herman. Malheureusement, la licence nous a été refusée. Lommel est monté directement et, tant en phase classique qu’au tour final remporté par le RWDM, nous avons chaque fois fini deuxièmes."
Après avoir contribué au sauvetage de Geel (2001-2002), Stéphane va alterner les piges en Grèce (Aigaleo, Ethnikos) et en Belgique où il goûte à la D1 : "Avant sa faillite, je pense avoir fait du bon boulot à Malines. À Charleroi, j’admets avoir démissionné de façon maladroite. Avec Abbas Bayat à qui j’ai ouvert les yeux et les supporters, le courant passait pourtant bien mais à propos de qui vous savez, je préfère m’abstenir. Il ne mérite même pas que je parle de lui…"
Stéphane s’offrit ensuite un détour par Chypre (Limassol) et une autre escale hellène dont il ne garde pas un très bon souvenir : "Les dirigeants de Giannina ont tout essayé pour ne pas me régler leurs dettes mais, après trois ans et demi, j’ai enfin gagné mon procès devant la Fifa et puis devant le TAS où j’ai eu gain de cause à 97% grâce à un dossier bien diligenté par Maître Denis."
Sa dernière mission en date, Al Faisaly, s’est donc achevée en avril dernier : "Je n’ai pas voulu prolonger mon contrat là-bas car j’étais en pourparlers très avancés avec un club des Emirats mais l’accord verbal a été rompu."
Et en Belgique, un retour aux affaires est-il exclu ? "Pour l’heure, je préfère me tourner vers les pays du Golfe persique. C’est clair que des clubs belges pourraient m’agréer mais pas pour l’instant."
Demol se trouve donc actuellement en stand by depuis un semestre. L’inactivité commence à lui peser. "La télé et les randonnées à vélo ne me comblent pas. J’ai besoin de bosser au quotidien" , déclare le consultant d’ Eleven Vlaanderen . "Vu mes antécédents transalpins (à Bologne) , j’ai commenté Hellas Verone-AS Roma en match d’ouverture de la Serie A ."
Mais il en faut bien plus pour meubler son agenda…
Stéphane Demol ne se voile pas la face. Par le passé, il n’a pas toujours adopté un comportement conforme avec son statut de sportif professionnel : "Pour faire court, je suis fier de la moitié de mon parcours et profondément déçu pour l’autre moitié. Néanmoins, en dépit de ce bilan personnel mitigé, je peux me regarder dans la glace tous les matins…"
Bref, après un passage au Sporting d’Anderlecht où il se révéla décisif avec ce but synonyme de 2-2 et de titre au FC Bruges en mai 1986, il a la plupart du temps bourlingué à travers l’Europe, de Bologne à Toulon, en passant par Porto, Toulouse, Braga, Panionios et Lugano, ne revenant en Belgique que pour des baux tout aussi limités dans le temps (Standard, CS Bruges, Denderleeuw). Un CV plantureux et éclectique qui lui aura toutefois permis d’élargir son panel de langues étrangères : "De parents néerlandophones, j’ai appris le français à l’école, de même que l’anglais. À l’athénée de Hal, où j’étais en section latin-match, je me rappelle avoir été le meilleur élève en langues étrangères."
Transféré à Bologne à 22 ans, Stéphane profita de ses vacances sur la Côte d’Azur pour assimiler le plus vite possible les rudiments de la langue de Dante : "Le président avait exigé que je m’exprime le plus rapidement en italien et après trois semaines en Emilie-Romagne, je pouvais déjà répondre aux interviews des journalistes."
Un bagage linguistique qu’il se fera un plaisir d’étoffer par la suite avec le grec et l’allemand qu’il estime maîtriser à 80 %, ainsi que l’espagnol et le portugais dont il a gardé les notions principales depuis son lointain séjour à Porto, celui d’Artur Jorge. Au total, huit langues qui font de lui un authentique polyglotte. Tout aussi précieux qu’un passeport en bonne et due forme…
(Source DH)
Avec, à son compteur, trente-huit capes en équipe nationale auxquels il convient d’ajouter un mandat de deux ans en tant que T2 de René Vandereycken, Stéphane Demol, natif de Watermael-Boitsfort, sait fatalement de quoi il parle quand le sujet tricolore est mis sur la table. Et sa mémoire est inoxydable quand, en guise de préambule, on lui demande d’évoquer son fameux but de Leon face aux Russes lors du Mondial 1986 : "Sur un corner de Vercauteren. Franky cède le ballon en retrait à Eric Gerets et je lève la main à hauteur du second poteau avec l’espoir de le réceptionner. Vous connaissez la suite…"
Avoir fait partie des conquistadors belges au Mexique, c’est un pan de sa carrière dont il n’est pas peu fier : "Et oui, ce ticket pour le dernier carré, nous sommes toujours les seuls à l’avoir décroché."
Sous-entendu : la génération actuelle des Diables est certes talentueuse mais ne peut pas encore se targuer d’une performance similaire. "En 1986, avec le petit brin de réussite qui leur a peut-être manqué au Brésil, nous avons atteint un sommet insoupçonné mais j’estime quand même qu’ils auraient dû faire aussi bien que nous…"
La perspective de voir la Belgique occuper bientôt la première place du ranking Fifa le laisse de marbre : "Ce classement, c’est pour rigoler. Les deux derniers tirages nous avaient été favorables et celui pour les qualifications en vue du Mondial 2018 est du même tonneau. Je veux simplement dire par là que j’attends de voir les Diables justifier leur flatteuse réputation en matant un gros calibre dans un match à enjeu. Les rencontres disputées face à des seconds couteaux nous sont-elles vraiment profitables ?" , interroge-t-il, tout en se défendant d’avoir l’esprit chagrin. "L’unique problème de Marc Wilmots est de savoir jeter son dévolu sur le meilleur n°9 du moment. Pour le reste, il n’y a pas à se triturer les méninges tant les autres postes à pourvoir sont indiscutables à la condition qu’il n’y ait pas de blessé à déplorer. Ceci dit, le groupe actuel est riche en qualités mais, sans mettre le système en cause, je considère qu’il faut pouvoir en tirer le maximum, peu importe le onze de départ."
À l’approche de la cinquantaine (le 11 mars prochain), Stéphane Demol serait-il un jour prêt à prendre en charge les Diables ? "J’avoue que cette éventualité ne m’a jamais effleuré l’esprit mais pourquoi pas ? Ce serait en tout cas difficile de dire non à son pays mais tant de paramètres entrent en ligne de compte. Car il y a des moments où il est inopportun de reprendre une équipe…"
Le passeport de Demol est rempli de cachets exotiques
Globe-trotter impénitent, Stéphane Demol ne se sent jamais aussi bien dans sa peau d’entraîneur que quand il peut s’envoler entre les deux tropiques pour y exercer son métier. Ses plus récentes destinations ont été la Thaïlande, où il a remplacé Sven-Göran Eriksson à la tête de Tero Sasana, et l’Arabie saoudite où, avec Al Faisaly, il est parvenu à tutoyer les meilleurs avant de se retirer sous sa tente. "J’ai apprécié mon séjour en Thaïlande car ce fut une expérience de plus mais je n’y retournerai pas", nous dit-il, lui qui pourrait à nouveau boucler sa valise dès la semaine prochaine. "J’ai deux contacts concrets : l’un en Arabie où c’est bien payé mais où la vie n’est pas exactement celle dont tout le monde rêve, l’autre aux Emirats."C’est à Turnhout - alors en D2 et sur insistance de Jean-Marie Pfaff qui, en ce temps-là, occupait un rôle de décideur dans le club campinois - que le Stéph se sentit une âme de mentor : "J’y ai vécu une super saison avec Nico Claesen comme T2 et des joueurs de talent comme Bruno Versavel ou le buteur Tomas Herman. Malheureusement, la licence nous a été refusée. Lommel est monté directement et, tant en phase classique qu’au tour final remporté par le RWDM, nous avons chaque fois fini deuxièmes."
Après avoir contribué au sauvetage de Geel (2001-2002), Stéphane va alterner les piges en Grèce (Aigaleo, Ethnikos) et en Belgique où il goûte à la D1 : "Avant sa faillite, je pense avoir fait du bon boulot à Malines. À Charleroi, j’admets avoir démissionné de façon maladroite. Avec Abbas Bayat à qui j’ai ouvert les yeux et les supporters, le courant passait pourtant bien mais à propos de qui vous savez, je préfère m’abstenir. Il ne mérite même pas que je parle de lui…"
Stéphane s’offrit ensuite un détour par Chypre (Limassol) et une autre escale hellène dont il ne garde pas un très bon souvenir : "Les dirigeants de Giannina ont tout essayé pour ne pas me régler leurs dettes mais, après trois ans et demi, j’ai enfin gagné mon procès devant la Fifa et puis devant le TAS où j’ai eu gain de cause à 97% grâce à un dossier bien diligenté par Maître Denis."
Sa dernière mission en date, Al Faisaly, s’est donc achevée en avril dernier : "Je n’ai pas voulu prolonger mon contrat là-bas car j’étais en pourparlers très avancés avec un club des Emirats mais l’accord verbal a été rompu."
Et en Belgique, un retour aux affaires est-il exclu ? "Pour l’heure, je préfère me tourner vers les pays du Golfe persique. C’est clair que des clubs belges pourraient m’agréer mais pas pour l’instant."
Demol se trouve donc actuellement en stand by depuis un semestre. L’inactivité commence à lui peser. "La télé et les randonnées à vélo ne me comblent pas. J’ai besoin de bosser au quotidien" , déclare le consultant d’ Eleven Vlaanderen . "Vu mes antécédents transalpins (à Bologne) , j’ai commenté Hellas Verone-AS Roma en match d’ouverture de la Serie A ."
Mais il en faut bien plus pour meubler son agenda…
Multilinguisme et auto-objectivité comme atouts
Méticuleux et pointilleux à un point que l’on ne soupçonne pas, l’homme a visiblement mûri et s’est assagi avec le temps : "Quand on devient plus âgé, on prend des décisions plus intelligentes et on fait surtout moins de conneries."Stéphane Demol ne se voile pas la face. Par le passé, il n’a pas toujours adopté un comportement conforme avec son statut de sportif professionnel : "Pour faire court, je suis fier de la moitié de mon parcours et profondément déçu pour l’autre moitié. Néanmoins, en dépit de ce bilan personnel mitigé, je peux me regarder dans la glace tous les matins…"
Bref, après un passage au Sporting d’Anderlecht où il se révéla décisif avec ce but synonyme de 2-2 et de titre au FC Bruges en mai 1986, il a la plupart du temps bourlingué à travers l’Europe, de Bologne à Toulon, en passant par Porto, Toulouse, Braga, Panionios et Lugano, ne revenant en Belgique que pour des baux tout aussi limités dans le temps (Standard, CS Bruges, Denderleeuw). Un CV plantureux et éclectique qui lui aura toutefois permis d’élargir son panel de langues étrangères : "De parents néerlandophones, j’ai appris le français à l’école, de même que l’anglais. À l’athénée de Hal, où j’étais en section latin-match, je me rappelle avoir été le meilleur élève en langues étrangères."
Transféré à Bologne à 22 ans, Stéphane profita de ses vacances sur la Côte d’Azur pour assimiler le plus vite possible les rudiments de la langue de Dante : "Le président avait exigé que je m’exprime le plus rapidement en italien et après trois semaines en Emilie-Romagne, je pouvais déjà répondre aux interviews des journalistes."
Un bagage linguistique qu’il se fera un plaisir d’étoffer par la suite avec le grec et l’allemand qu’il estime maîtriser à 80 %, ainsi que l’espagnol et le portugais dont il a gardé les notions principales depuis son lointain séjour à Porto, celui d’Artur Jorge. Au total, huit langues qui font de lui un authentique polyglotte. Tout aussi précieux qu’un passeport en bonne et due forme…
"La Gantoise justifie son titre"
On s’en serait douté : la Jupiler Pro League n’est pas vraiment la tasse de thé de Stéphane Demol, davantage branché sur la compétition en France et en Italie sans oublier l’actualité des championnats dans le Golfe : "Si je retourne là-bas sous peu, je dois me tenir au courant pour partir un minimum dans l’inconnu" , précise-t-il, avant de poser un jugement sur la Pro League . "Ostende constitue la révélation de ce début de saison. Le binôme Coucke-Vanderhaeghe fonctionne bien et si les Côtiers ne seront pas champions, ils feront partie du Top 6 . La Gantoise confirme son statut de tenant du titre, avec, à sa tête, un coach qui est de loin le meilleur du pays. Cela me fait d’autant plus plaisir que j’ai joué aux côtés de Hein Vanhaezebrouck avec les U18 nationaux. Par contre, cela tourne moins bien qu’espéré à Anderlecht et à Bruges mais ce n’est pas à moi à jouer les donneurs de leçons. Au Standard, c’est encore bien moins réjouissant, tout comme à Lokeren qui me déçoit également. Les meilleurs éléments ont quitté le Daknam où le recrutement ne peut pas toujours être aussi infaillible."(Source DH)