Belgique-Portugal annulé ou joué à Coimbra?

Ce n’est pas encore officiel, mais la probabilité est désormais haute que les Diables entament leur année sportive comme ils avaient achevé la précédente, dans les larmes et l’incompréhension face à la violence aveugle de l’intégrisme. Tout comme cela avait été le cas dans la nuit du 16 au 17 novembre, où le match amical contre l’Espagne avait été remis à 0h40 sur pression du Premier ministre Charles Michel lui-même, la visite du Portugal a subi le même sort au terme d’une interminable journée de réflexion et de tergiversations.

Ce mardi matin, le bourgmestre de Bruxelles Yvan Mayeur et son Premier Echevin Alain Courtois rencontreront les ministres fédéraux concernés par la cellule de crise pour confirmer ou infirmer le maintien de toutes manifestations sur le territoire de la capitale. Et si oui, dans quelles conditions.

Un match amical à Coimbra plutôt qu’à Bruxelles ?

A l’Union belge, on se prépare à tous les scénarios. La Fédération a maintenu le dialogue avec son homologue lusitanienne durant toute la journée de ce lundi. Cette dernière a d’ailleurs proposé à la Belgique une inversion de match (sans prime d’engagement à la clé) pour le disputer à Coimbra (30.000 places assises) à la date initiale. Après réflexion (il s’agit tout de même de la dernière possibilité de tester des joueurs avant le match en Suisse du 28 mai), Marc Wilmots a fini par trancher, comme nous le rapporte un témoin de la scène.

« Selon ses propres mots, il n’a pas voulu donner l’impression que l’équipe nationale fuyait les événements en allant trouver refuge au Portugal. »

Le match de préparation que les Diables Rouges devait disputer face au Portugal mardi prochain au stade Roi Baudouin se jouera bien, mais au Portugal, à Leiria, le même jour et à la même heure, a annoncé l'Union belge de football, quelques instants après avoir annoncé l'annulation de la rencontre à Bruxelles.

Voici le communiqué de l'Union belge:

Au vu des événements dramatiques d’hier, en ces temps difficiles pour permettre à des événements de masse de se dérouler en toute sécurité et étant donné le niveau 4 de terreur au niveau national, le match de ce mardi prochain à Bruxelles face au Portugal n’aura pas lieu au Stade Roi Baudouin. Cela a été décidé aujourd’hui en concertation avec les autorités et la Fédération Portugaise de Football.

Le Conseil d’Administration de l’URBSFA a, en accord avec notre Entraîneur fédéral, le staff technique et la Fédération Portugaise de Football, décidé de jouer cette rencontre à Leiria, le même jour et à la même heure, à savoir le mardi 29 mars à 20h45 (heure belge).

L’URBSFA remercie la Fédération Portugaise de Football pour sa disponibilité, sa flexibilité et les solutions qu’elles nous a proposées. La Fédération Portugaise de Football est de tout coeur avec l’Union Belge de Football en ces temps difficiles et émotionnels.

Un entraînement de notre équipe nationale aura lieu cet après-midi au Stade Roi Baudouin à 16h30 et ne sera pas accessible aux supporters ainsi qu’aux médias. À partir de 18h30, notre Entraîneur fédéral Marc Wilmots donnera une conférence de presse au siège de l’URBSFA (Avenue Houba de Strooper 145, 1020 Bruxelles).

D'abord annulé, le match entre la Belgique et le Portugal se disputera finalement sur le sol portugais, à Leira. Ce n'est pas pour autant que les supporters belges pourront assister à la rencontre car le groupe 1895 a déjà prévenu tous les présidents de clubs de supporters qu'aucun ticket ne leur sera vendu. La proximité de la rencontre ne permettait apparemment pas de mettre en place une vente de tickets. Le stade sera tout de même bien rempli car tous les fans portugais qui auront assisté, ce vendredi, au match face à la Bulgarie bénéficieraient automatiquement d'une entrée pour le duel amical face à la Belgique.

"Moi je voulais jouer ici !", n'a pas caché le sélectionneur Marc Wilmots mercredi soir à l'issue de l'entraînement à huis clos des Diables Rouges au Stade Roi Baudouin, dont le match amical de mardi prochain contre le Portugal ne se disputera donc pas sous l'atomium, mais à une bonne centaine de kilomètres de... Lisbonne.

"Je n'avais jamais vu autant d'ambulances de ma vie mais ce qui m'a brisé le coeur, c'est de voir la détresse de tous ces gens qui rebroussaient chemin sur la route avec leurs bagages après avoir vécu

l'enfer à l'aéroport", explique le sélectionneur des Diables Rouges. Marc Wilmots a en, effet vécu de près ces événements dramatiques depuis le Crowne Plaza Brussels Airport. "En même temps j'étais révolté. Je suis un patriote et je ne supporte pas qu'on frappe ainsi aussi lâchement mon pays".

"J'ai donc tout de suite pensé que le match de mardi prochain contre le Portugal pouvait redonner un peu de joie de vivre et d'espoir à la population. Qu'il serait bon pour son moral de voir que ces attentats ne vont pas tout figer. Que la vie continue. Que même si l'équipe nationale va désormais devoir un peu vivre au jour le jour puisqu'on ne sait pas ce qui nous attend demain ou après-demain, elle était malgré tout toujours là pour lui offrir du spectacle, des victoires et en un mot, du plaisir".

On sait cependant que depuis, après avoir dans un premier temps annulé le match à la demande de la Ville de Bruxelles, l'Union Belge a accepté l'invitation de la fédération portugaise de football de disputer la rencontre à l'Estadio Dr. Magalhaes Pessoa de Leiria, à une bonne centaine de kilomètres de... Lisbonne.

"C'était le plan B", admet Wilmots. "Il faut remercier la FPF d'organiser ainsi en quelques jours ce qui se prépare en général des mois à l'avance. Et admirer le staff de l'Union belge chargé de régler les questions pratiques résultant d'un tel déplacement totalement imprévu. Je peux vous assurer qu'ils n'ont quasiment pas dormi depuis que la décision a été prise".

Si Wilmots ne cache pas qu'il a vainement plaidé pour que la rencontre se déroule comme prévu au Stade Roi Baudouin devant les supporters belges, il insiste sur la motivation des joueurs.

"Ils voulaient tous absolument jouer ce match", explique-t-il en effet, "et étaient ravis de reprendre l'entraînement. La séance a d'ailleurs été longue (1 heure trois quarts, ndlr) et d'une incroyable intensité. Christian Bentéké dont le genou est pourtant un peu abîmé y a participé, tout comme Björn Engels qui a un petit problème aux ischios. Seul Thorgan Hazard, victime d'un hématome au mollet en Bundesliga, est resté entre les mains des kinés. Jouer en déplacement change bien sûr un peu les données de la rencontre, mais pas notre envie de réaliser un bon résultat et du moins de ne pas perdre", poursuit Wilmots. "Ce sera aussi l'occasion pour un joueur comme Thomas Vermaelen, qu'il sera en plus intéressant de mettre à l'épreuve comme arrière-gauche, de résorber un peu son retard en temps de jeu..."