Vanhaezebrouck VS Preud’homme: Alors, c’est qui le plus fort ?
Les deux meilleurs entraîneurs belges du moment se retrouvent ce dimanche. Si Hein Vanhaezebrouck et Michel Preud’homme ont des points communs, ils cultivent aussi de profondes différences. Analyse en cinq points en compagnie de notre consultant Alex Teklak.
La tactique
Le terme colle à Hein Vanhaezebrouck comme une seconde peau.“J’irai même au-delà. Plus que de tactique, je préfère parler d’audace tactique comme ce fut le cas en Ligue des Champions : même à 10, puis à 9 contre Lyon, son équipe a continué à jouer”, expose Alex Teklak. “Avec lui, il y a un système, il y a de l’audace. Il ne renie pas ses principes parce qu’il a à la fois confiance en lui et en ses joueurs. C’est le prolongement de sa personnalité : c’est un créatif par nature qui aime entreprendre et qui prend du plaisir à enseigner, à être pédagogue, quitte parfois à tomber un peu dans la caricature. Mais sa culture tactique le rend crédible auprès de ses joueurs auprès desquels il a implanté un système identifiable. L’avantage, c’est que quand les remplaçants rentrent, comme Saief ou Matton au Zenit, ils connaissent les principes sur le bout des doigts. Tous les joueurs savent ce qu’ils doivent faire, c’est sa plus grande force.”
À l’opposé, Michel Preud’homme est forcément tributaire du contexte brugeois et d’une infirmerie qui déborde depuis plus d’un an.
“Du coup, son système en pâti forcément. Autant, avec Vanhaezebrouck, le collectif se met au service de l’animation alors qu’à Bruges, en ce moment, ce sont les individus qui définissent l’animation : Vazquez, Refaelov ou Gedoz demandent chacun le ballon d’une certaine manière. Résultat, les recrues mettent plus de temps à s’adapter. Après, il y a des choses récurrentes chez Preud’homme que l’on peut observer sur les rentrées en touche, les sorties de défenses sur les côtés, les mouvements au milieu avec Vormer et Simons. Mais il y a plus de flou dans l’animation offensive en raison des blessures.”
Hein Vanhaezebrouck: 8/10
Michel Preud’homme: 7/10
La gestion des hommes
La prescription entoure désormais cet épisode. Mais à l’été 2013, Hein Vanhaezebrouck n’avait pas hésité à trancher dans le vif, indiquant la porte de sortie à 6 de ses joueurs. Un épisode qui rappelle que derrière le personnage rond se niche un homme rigoureux. “C’est comme un professeur”, compare Teklak. “Quand il a un perturbateur dans son vestiaire, il va essayer de le ramener dans le droit chemin mais il n’insistera pas. Il ne va pas perdre, ni de temps, ni de l’énergie car le reste du groupe le suit.” Un groupe qu’il n’hésite pas à façonner, quitte à le rendre un peu lisse en retranchant les joueurs de caractère qui ne se fondent pas dans le moule comme Christophe Lepoint et surtout Habib Habibou avec qui un échange d’amabilités s’en est suivi dans la presse. Mais les résultats de Gand ont donné raison au technicien. Il n’hésite pas non plus à piquer son groupe dans les médias. S’il a activé ce levier à plusieurs reprises dans le passé, HVH ne l’a fait qu’une fois cette saison, avec Benito Raman. “C’était un exemple, une manière d’envoyer un signal à son groupe où il sentait moins d’implication et d’envie”, relève Teklak.Michel Preud’homme n’attaque frontalement ses joueurs que très rarement. Du moins sur la place publique. “Il est plus protecteur, il les critique dans l’intimité du vestiaire, mais, en dehors, il protège son groupe et part du principe que s’il y a un conflit, l’étaler en dehors du groupe n’est pas nécessaire.” L’ancien gardien se repose aussi sur son vécu de joueur et d’entraîneur. Mais aussi sur sa réputation. Teklak : “Il n’a pas à instaurer le respect car il le suscite naturellement. Tout le monde a une peur de lui. Attention, il ne terrorise pas les gens mais il a tellement d’impact et de charisme que son autorité est légitime et se ressent dans la gestion de son groupe.”
Hein Vanhaezebrouck: 8/10
Michel Preud’homme: 9/10
Le début de saison
À l’aube de cette 10 e journée, Gand reste la dernière équipe invaincue de Pro League . Les Buffalos ont concédé leur première défaite de la saison en Ligue des Champions cette semaine au Zenit. Mais le contenu de leurs prestations depuis le début de saison est bon, le match face à Lyon ayant marqué les esprits. “Ce qu’ils font est remarquable”, relève Teklak. De son côté, Bruges, qui n’est qu’à un point de son hôte, se singularise par sa friabilité à l’extérieur mais surtout par un début de campagne européenne catastrophique qui plombe la note de son entraîneur et met en lumière certaines carences en terme d’état d’esprit.Hein Vanhaezebrouck: 8/10
Michel Preud’homme: 5/10
Le palmarès, l'expérience
Celui de Vanhaezebrouck est le plus frais avec ce titre de champion et la Supercoupe qui a suivi, deux trophées venus garnir une carte de visite qui se résumait à un titre de champion de D2 avec Courtrai même si minimiser ce qu’il a pu accomplir au stade des Éperons d’or est un écueil dans lequel il ne faut pas tomber.“Surtout pas même”, précise Teklak. “Son échec à Genk lui a permis de prendre du recul; il n’a plus refait les mêmes erreurs. Il a fait de très bonnes choses ensuite à Courtrai.” Le palmarès de Preud’homme est, lui, nettement plus épais. Du Standard en 2007 à Bruges, MPH a gagné partout où il est passé, que ce soit à Gand, à Twente ou même à Al Shabab.
Hein Vanhaezebrouck: 7/10
Michel Preud’homme: 8/10
La communication
Son passé de consultant en fait un bon client. Sa disponibilité le sert aussi beaucoup. Vanhaezebrouck gère sa communication avec bonhomie. Il a aussi évolué en lâchant du lest.Si, à Courtrai, il avalisait systématiquement chaque demande d’interview de ses joueurs qu’il exigeait de relire, il s’appuie depuis son arrivée à Gand sur un attaché de presse auquel il voue une confiance totale. “Mais il a gardé ce côté séducteur”, note Teklak. “Il a aussi évolué dans ce côté un peu mauvais perdant qu’il pouvait parfois avoir. Il fallait y voir aussi un côté manque de reconnaissance, une forme de complexe par rapport à son passé de joueur. Depuis le titre, il est plus à l’aise. Il est connu et reconnu et force moins le trait.”
De son côté, Michel Preud’homme fait passer habilement ses messages lors des conférences de presse.
S’il accorde moins d’entretien individuel que son homologue, il prête beaucoup d’attention à la presse et lit tout ce qui peut s’écrire sur son club. “Et puis, on sent qu’il a toujours une forme d’appréhension avec lui”, relève Teklak.
“Les questions sont très bien pesées pour ne pas être sujettes à une mauvaise interprétation. Il a aussi l’habitude d’être dans l’opposition, avec une forme de susceptibilité car il n’accepte pas que ses choix soient critiqués par quelqu’un qui n’est pas dans le groupe et n’a pas tous les éléments en main. Comme il n’accepte pas que son travail soit remis en question, ce qui fait parfois qu’il est sur la défensive.”
“C’est sa force”, insiste notre consultant. “Au-delà de son vécu de joueur, son côté gagneur est prépondérant et force le respect.”
Hein Vanhaezebrouck: 8/10
Michel Preud’homme: 7/10
Bilan total
Si Michel Preud’homme avait de l’avance, la dynamique du moment permet à Hein Vanhaezebrouck de le dépasser, confirmant son avantage dans leurs oppositions directes : en 11 confrontations, HVH s’est imposé 4 fois, MPH 3 pour 4 nuls.Hein Vanhaezebrouck: 39/50
Michel Preud’homme: 36/50
Oussalah: "Des gagneurs"
Mustapha Oussalah a été dirigé par les deux techniciens18 mois avec Michel Preud’homme de janvier 2001 à juin 2002, 6 ans avec Hein Vanhaezebrouck de novembre 2009 à juin 2015, ont marqué Mustapha Oussalah.
"Michel Preud’homme m’a lancé et appris ce qu’était le monde professionnel. Son intelligence et son vécu m’ont marqué. Son attitude, c’est aussi une manière de protéger son groupe des critiques. Il a de suite commencé avec des grandes équipes, ce qui n’a pas été le cas d’Hein Vanhaezebrouck qui a dû tout faire de lui-même. Il a un cœur énorme. Je me souviens que la première année à Courtrai, il n’y avait pas de jardinier, il pleuvait et lui est allé sur un tracteur faire le terrain. Tactiquement, il fait mal. Ce sont tous les deux des gagneurs qui veulent un vestiaire harmonieux. Preud’homme responsabilise plus les joueurs en laissant plus de liberté dans la prise d’initiative qui s’inscrive malgré tout dans un cadre bien défini. Vanhaezebrouck est, lui, dans la répétition. Il va insister encore et encore, que ce soit dans les exercices ou les vidéos. C’est parfois dur pour les joueurs mais les résultats se voient".
(Source DH)